incandescenteLa narratrice raconte l’histoire de sa mère, Emma et son amour pour Marcelle. Elle retrace cette histoire à partir de lettres échangées entre les deux jeunes filles alors âgées de 16 ans et 17 ans.

Les premières pages font penser à un roman de Colette avec le personnage de Marcelle, sauvageonne qui pourrait très bien être une sœur de Claudine,  familière des amours interdites.

« [elle] cachait dans son sac d’écolière une couleuvre verte qu’elle trimballait partout. Elle grimpait aussi aux arbres, embrassait les fleurs sur la bouche »

Écrivant cette histoire d’amour, la narratrice se remémore sa propre enfance, en éclaire des pans, redessine le lien qui l’a uni à sa mère.

L’alternance d’une langue imagée et de phrases plus courtes toute de simplicité et de clarté redonne chair et couleur aux personnages.

Au-delà de l’histoire elle-même, finalement assez simple, ce qui séduit surtout dans ce roman c’est qu’il y est question de littérature, d’écriture. Du langage et de son pouvoir de féconder -démiurge qui façonne les êtres.
Avec le personnage de Marcelle qui a les emportements et l’intransigeance de la petite Antigone d’Anouilh, l’auteur nous offre un roman sur les premières amours, sauvages et absolues.

Merci aux éditions Grasset de m’avoir permis de lire et de faire la critique de ce roman via Netgalley.

 

Lettres de Marcel PROUST, L’enfance et l’adolescence

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Audiobook lu par Guillaume Gallienne

Paru aux Éditions Thélème

Le recueil est constitué de 39 lettres. Les premières, très courtes, adressées au grand-père, à la grand-mère sont celles d’un garçonnet de 8 ans aux préoccupations enfantines puis le narrateur grandit, le style s’étoffe, la phrase prend de l’ampleur. Dès la 5ème ou 6ème lettre, Proust, âgé d’une quinzaine d’années, écrit des lettres où pointent l’humour et déjà un certain style, tantôt commentant ses lectures, tantôt décrivant les gens qui l’entourent et parvenant à les croquer savoureusement. On est surpris que, Proust, si jeune homme aborde avec tant de liberté certains thèmes comme la masturbation, la pédérastie ou le bordel. On est fasciné de voir comment dans ces lettres certains personnages de La Recherche sont déjà contenus en germe. Le recueil s’achève par des lettres polissonnes et amoureuses à Reynaldo Han.

J’ai regretté que certaines lettres ne soient pas accompagnées d’un court préambule explicatif pour préciser un contexte ou les liens qui unissaient Proust à certaines personnes comme Daniel Halévy, Jacques Bizet ou Mme Strauss. Évidemment une simple recherche sur Google supplée rapidement ce manque, ce n’est donc pas un défaut, juste quelque chose qu’on pourrait s’attendre à trouver, comme des notes en bas de pages d’un roman.

Peut-être que, pour un lecteur du XXI ème siècle, peu familier des phrases complexes et des références érudites, l’écoute paraîtra-t-elle un peu difficile au début mais c’est là tout le pouvoir de ces lettres et de la lecture intimiste qu’en fait Guillaume Gallienne, on peut aussi les écouter comme on écoute un poème et se laisser porter par le rythme, la tonalité, la petite musique si particulière à la phrase proustienne. D’ailleurs, certaines lettres méritent d’être écoutées plusieurs fois pour en goûter toutes les richesses.

En conclusion, ces lettres sont une manière agréable tout en restant intellectuellement exigeante de découvrir l’univers proustien, de se familiariser avec un style, une sensibilité et une liberté de ton et cela donne assurément envie d’en lire ou d’en écouter plus.

J’ai été ravie d’avoir été sélectionnée, dans le cadre de l’opération « Masse critique », pour écouter et commenter ce CD puisque je souhaitais lire Proust depuis longtemps mais que j’ai toujours repoussé ce moment de confrontation avec une telle œuvre.  Merci à Babelio et aux Éditions Thélème de m’avoir permis de faire ce premier pas.

Comme par magie, Elizabeth Gilbert

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Sur le ton de la conversation Elizabeth Gilbert nous livre ses réflexions sur la créativité et les processus qui permettent de mener une vie créative. Dans un style clair, avec abondance de métaphores souvent amusantes, elle nous trace le portrait de l’inspiration. Ce génie qui vient parfois se percher sur notre épaule ou s’invite à notre table de travail tel le Daïmon de Socrate. Utilisant des anecdotes de sa propre vie ou évoquant des poètes ou des écrivains qui l’ont inspirée, elle déconstruit les croyances qui nous empêchent de nous exprimer, de créer. Avec beaucoup d’humour et de bon sens elle parvient à nous réconcilier avec nos aspirations créatrices et son livre est comme une eau pétillante qui donne ou redonne envie de nous remettre à notre table de travail.

Un livre qui atteint sa cible en nous donnant furieusement envie de mettre en application les conseils avisés de l’auteur.

Merci aux éditions Calmann-Lévy et à Net Galley de m’avoir permis de lire cet ouvrage en exclusivité.

L’arbre du pays Tojara, Philippe Claudel

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« Parce que c’était lui ; parce que c’était moi. » Essais, Montaigne

Tout commence avec l’île de Sulawesi et ses habitants, les Tojara, dont certains rites funéraires donnent leur nom au récit. Et puis, tel Thésée dévidant le fil d’Ariane, l’auteur déroule ses pensées sur la mort. Celle qu’il sent rôder, si proche, parce qu’elle lui a pris son meilleur ami, Eugène, et celle qui se dessine en creux en chacun de nous.

C’est une réflexion sur la vie, sur l’art, sur la création littéraire et cinématographique. Il n’y a rien dans le ton de pompeux ou de grandiloquent. Certaines de ces pensées prennent la forme de notes, d’introspections qu’on pourrait trouver dans un journal intime. Parfois, elles ont la banalité d’une conversation comme si nous étions avec le narrateur dans une brasserie parisienne buvant une bière ou dans un petit village indonésien, fumant avec lui des kretek.

C’est un journal de deuil, un hommage à l’ami disparu. Les Tojara sculptent une cavité dans un arbre pour en faire la sépulture des très jeunes enfants, ici, c’est le récit qui se fait tombeau pour enchâsser les souvenirs de l’ami perdu.

« Près d’un village du pays Toraja situé dans une clairière , on m’a fait voir un arbre particulier. Remarquable et majestueux, il se dresse dans la forêt à quelques centaines de mètres en contrebas des maisons. C’est une sépulture réservée aux très jeunes enfants venant à mourir au cours des premiers mois. Une cavité est sculptée à même le tronc de l’arbre. On y dépose le petit mort emmailloté d’un linceul. On ferme la tombe ligneuse par un entrelacs de branchages et de tissus. Au fil des ans, lentement, la chair de l’arbre se referme, gardant le corps de l’enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la croissance de l’arbre ».

Le récit est appelé roman mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il a des accents autobiographiques et, comme à Delphine de Vigan, on a envie de demander à Philippe Claudel si c’est D’après une histoire vraie ?

Je remercie les éditions Stock et Netgalley qui m’ont permis de lire et de critiquer ce roman.

 

 

 

Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore, Pr. Michel Lejoyeux

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Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore

Il s’agit d’un livre de conseils souvent assortis de citations littéraires, de paroles de sagesse ou d’extraits de chansons.

L’auteur insiste d’abord sur la distinction absolument nécessaire à faire entre les cas de dépression qui relèvent de la médecine et les cas de déprime ou les coups de blues sur lesquels nous pouvons agir.
Puis sont abordées les découvertes en psychologie ou celles sur le fonctionnement du cerveau. Toutes sont expliquées de manière simple avec des exemples concrets pour que nous puissions les mettre en pratique dans notre vie de tous les jours.

Certains conseils sont déjà connus mais une piqûre de rappel ne fait jamais de mal et ils alternent avec des explications parfois surprenantes comme le lien entre le botox et la bonne humeur ou l’action du paracétamol sur notre moral.

Le but de cet ouvrage est de dédramatiser la situation du « déprimé » qui sommeille en chacun de nous, en nous donnant tous les outils nécessaires pour ne plus être des malades passifs. Nous redevenons des acteurs de notre forme car il n’y a là aucune fatalité. La bonne humeur est un muscle qui se travaille et le livre propose un entraînement pour que nous puissions retrouver ou accroître notre bonne humeur.
Un bon guide pour développer un style de vie antidéprime.

Merci aux éditions JC Lattès et à Netgalley qui m’ont permis de lire ce livre.

Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi, Jean-Christophe Rufin

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Immortelle randonnée

Ce n’est pas le premier témoignage que je « lis » sur Compostelle mais celui-ci m’a plu car il n’essaie pas de dissimuler les aspects négatifs du « chemin ».

L’auteur porte un regard assez critique et même parfois acerbe sur les pèlerins et sur les « marchands du temple » ceux qui exploitent le chemin, ceux qui le dénaturent ou le ravalent au rang de simple objet de consommation.

Chaque chapitre suit la progression du narrateur : la progression géographique du marcheur allant de pair avec le cheminement spirituel du pèlerin.

Quand le livre s’achève on reste sur une vision douce-amère : la tentation est forte de se mettre en route, pour laisser la possibilité au chemin d’épurer notre âme et pourtant quelque chose nous retient. Comme si le chemin était déjà trop abimé par notre siècle, trop galvaudé par notre civilisation.

How many letters are in goodbye? Yvonne Cassidy

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How many Letters are in Goodbye? Yvonne Cassidy

I want to thank Flux and Netgalley for giving me the opportunity to read this moving book.

Rhea, the narrator, is almost eighteen. She writes letters to her dead mother. These letters are a way for her to know more about her mother and it’s also an interior monologue to take stock of her current situation. And for the the reader each letter unveils more about the character of Rhea: her friendship with Serguei, her disability and how she handles it, her life in Ireland and her desire to live in New York, the town of her mother. I used to read epistolary novels and I liked the journey with this one. Finally, the only fault I can find here is the novel’s length, a little too long.

Depuis deux ans environ j’ai commencé à lire en anglais. Je n’ai jamais beaucoup brillé pendant mes études dans cette discipline et j’avais gardé un mauvais souvenir des professeurs qui nous harcelaient avec leur volonté de nous faire acquérir un accent parfait.

Puis, en suivant les conseils de nombreux bloggueurs qui expliquaient que c’était tout à fait possible de lire en anglais, j’ai lu la saga des Harry Potter en totalité. Je n’ai pas compris chaque mot mais, dans l’ensemble, l’histoire m’a paru claire. Depuis, j’ai attrapé le virus de la VO.

Je remercie donc vivement Netgalley et les éditions Flux, grâce à qui j’ai pu lire ce roman épistolaire d’Yvonne Cassidy.

J’ai tenté une brève critique en anglais par respect pour les lecteurs de Netgalley mais, si je lis aisément, l’écrit est plus compliqué pour moi.

L’été d’Agathe, Didier Pourquery

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L’été d’Agathe

Un père raconte la lutte de sa fille contre la maladie.

Comme une tragédie, il n’y a pas de suspens, et la fin est annoncée dès la naissance de l’enfant puisqu’un oncle médecin dira qu’il faut compter sur « vingt-cinq ans d’espérance de vie en moyenne ».

Agathe est atteinte de la mucoviscidose mais ce pourrait être le cancer ou toute autre maladie, toute autre ennemie qui vous ronge de l’intérieur et ne vous laisse de répit que pour mieux vous broyer ensuite.

Ce récit, c’est le quotidien des malades et de ceux qui les accompagnent quand la routine des soins devient la vie normale. Quand ce qui se passe entre les quatre murs d’une chambre d’hôpital devient plus précieux que tout ce qui peut se passer dehors, même s’il s’agit de perfusions, de nausées, de fièvre… Les soins, c’est s’installer dans un autre temps, presque une autre dimension où la mort resterait en suspens comme si les rituels de la maladie pouvaient s’étirer indéfiniment. Et, dans les interstices de la douleur, viennent se glisser des moments de vie et des mots, des mots comme ultime partage quand la personne aimée affaiblie, alitée n’est plus que regards, sourires et paroles.

Un livre qui, pour des raisons personnelles, m’a particulièrement touchée mais nul n’est besoin d’avoir côtoyé la maladie et la mort de près pour se retrouver dans le témoignage de ce père qui a cheminé auprès de sa fille non sans peur mais toujours avec amour.

Je remercie vivement les éditions Grasset et Netgalley grâce à qui j’ai pu lire ce roman.

Dans la peau d’un migrant, Arthur Frayer-Laleix

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Dans la peau d’un migrant, Arthur Frayer Laleix,

Reprenant le modèle d’enquête journalistique initié par Günter Wallraff (avec Tête de Turc notamment), Arthur Frayer-Laleix se glisse dans la peau d’un migrant qui veut rejoindre l’Europe.

Devenu Akhter, il raconte son périple et on découvre avec lui les motivations et le quotidien de ces hommes qui n’hésitent pas à se mettre en danger dans l’espoir d’une vie meilleure ou plus simplement d’une vie normale. Ils ne sont plus ces visages désincarnés dont les médias nous abreuvent. Ils sont des fils, des frères. Ils ont des prénoms, des fiancés… des rêves.

Un des passages qui m’a le plus touchée c’est quand Arthur découvre dans une chambre en Turquie, où les migrants passent quelques jours avant de s’embarquer pour l’Europe, un vieux magazine fripé et jauni sur lequel des hommes ont marqué leur prénom et quelques vers. Même démunis et privés de tout, les mots sont là pour laisser une trace, une empreinte. Non pas celle de « migrants » mais d' »hommes ».

Cette plongée dans un univers kafkaïen fait de violence, de pots de vin et d’insécurité constante ne laisse pas indifférent.

Ce témoignage se lit aisément et s’adresse à tous.

Je remercie les éditions Fayard et Netgalley de m’avoir permis de lire cet ouvrage.

Tag/Adieu 2015

Pour inaugurer mon bébé blog, j’ai décidé de consacrer mon premier article au bilan de mes lectures 2015 en répondant aux 15 questions proposées par les éditions PKJ.

adieu-2015

Quel est pour vous…?

1) Votre lecture préférée de l’année

Incontestablement In the after, Demitria Lunetta car cela m’a rappelé la série The walking Dead dont je suis fan.

2) Votre plus grande déception de l’année

U4, Koridwen, Yves Grevet. Le concept de la série est intéressant : 4 livres, écrits par 4 auteurs différents, dont on peut lire chaque tome dans l’ordre que l’on veut mais je n’ai pas accroché du tout aux personnages de cet épisode. Peut-être que les autres parties me séduiront davantage.

3) Le meilleur roman Pocket Jeunesse que vous avez lu en 2015

Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers, Benjamin Alire Saenz. Un gros coup de cœur pour ce roman.

4) Le livre dont vous avez le plus entendu parler (que vous l’ayez lu ou non)
After, Anna Todd. Je ne l’ai pas lu et je ne compte pas le lire, ça ne fait tout simplement pas partie du type de littérature que j’apprécie.

5) Votre plus belle surprise 
Nous les menteurs, E. Lockhart. J’ai lu ce livre dans le cadre d’un concours lecture mais je l’avais déjà vu plusieurs fois en librairie et son titre m’interpelait. Belle découverte.

6) La meilleure suite
The Revolution of Ivy, Amy Engel. J’ai dévoré le premier tome et je craignais que le deuxième tome soit moins palpitant mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, surtout la fin… sanglante à souhait.

7) Le 5e livre lu 
 Le café de l’Excelsior, Philippe Claudel. Un petit poche, lu d’une traite dans un train.

 

8) La meilleure rencontre liée aux livres (auteurs/blogueurs/éditeurs…) 
Comme chaque année le festival Étonnants Voyageurs.

9) Le premier coup de cœur de 2015

Différente, Sara Lovestam. Un livre découvert en bibliothèque, avec une couverture surprenante et originale tout comme l’histoire. Pour sortir des sentiers battus.

10) Le dernier coup de cœur de 2015

Un hiver en enfer, Jo Witek. Un huis clos entre une mère et son fils qui réserve une chute inattendue.

11) Le roman que vous attendiez le plus
D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan. C’est un auteur que j’aime particulièrement et dont je suis l’actualité.

12) Le dernier roman que vous avez acheté et lu en 2015

Soudain, seuls, Isabelle Autissier. Robinsonnade moderne dont la première partie se lit avec plaisir. La deuxième partie est moins convaincante.

13) Le roman le plus émouvant 
Wonder, R.J, Palacio. C’est en lisant des blogs anglo-saxons que j’ai découvert ce roman dont le sujet est le handicap, la laideur, l’acceptation de soi.

14) Le roman le plus drôle  
Moi, Simon, 16 ans Homo sapiens, Becky Albertalli. Ce n’est pas drôle à mourir de rire mais c’est un style très contemporain qui traite avec un certain humour un sujet qui pourrait facilement devenir larmoyant.

15) Le livre le plus attendu de 2016 
 Red queen, T2 (Glass Sword), Marissa Meyer. Sortie prévue en février 2016. Patience, patience.